| Témoignages Nous avons volontairement omis d’indiquer les noms et prénoms des personnes afin de respecter l’anonymat des témoignages. Témoignages antérieurs * Votre article paru dans le « Progrès » du 24/01/2005 a retenu mon attention. Mon épouse, décédée début janvier 2001 d’un cancer du poumon avait été traitée au Distilbène avant la naissance de notre fils en 1958. En lisant cet article, j’ai cru vous l’avoir suggéré ! C’était un garçon brillant, passe au lycée avec un an d’avance, etc…Oui très brillant. Courte dépression en première. Hospitalisé, traitement d’une quinzaine de jours avec Anafranil. Tout semble terminé. Le psychiatre nous conseille de l’inciter à devancer l’appel sous les drapeaux. Préparation militaire supérieure, noté 19,5 sur 20. Rechute à l’armée, où il se met à boire. Malgré sa taille, 1m80, et son poids, devient le souffre douleur des autres militaires. Une « personnalité » intervient aussitôt auprès du chef de corps et ordonne sa démobilisation anticipée. Il avait quitté la faculté avec une deuxième année de licence (sciences). Ce retour à la vie civile paraît salutaire, mais il n’a plus la moindre ambition. Il subit les épreuves d’un concours donnant accès à un emploi administratif subalterne. Mariage. Trois enfants. Puis c’est le retour de la maladie. Son épouse nous reproche d’avoir passé sous silence le premier trouble avant mariage. Notre fils avait sollicité notre avis à ce sujet. « Au médecin et à toi de juger » avions nous répondu. Nous n’avions pas de tels antécédents dans nos familles. Surviennent alors deux tentatives de suicide, avec jusqu’à ce jour six ou sept hospitalisations en psychiatrie. A l’occasion de la dernière et pour avoir lu dans une revue médicale que le Distilbène était tenu pour responsable dans beaucoup de cas, je m’étais permis de signaler au psychiatre hospitalier le long traitement reçu par mon épouse. Point de réaction ! Le premier médecin qui a soigné mon fils ne jouait pas au savant. A la porte de son immeuble, sa plaque indiquait simplement « maladies nerveuses ». Il faisait déshabiller le patient et l’auscultait avant de le questionner pendant plus d’une heure. Il cherchait à voir si une maladie somatique n’était pas cause des troubles de l’esprit. Le stéthoscope qu’il portait au cou ne lui servait pas à plastronner. Il l’utilisait au mieux. Un vrai médecin, c’est rare. Et ses honoraires ne dépassaient pas ceux de ses confrères en la spécialité. « Je serais enclin à prétendre que nombre de désastreuses séquelles de la dépression pourraient sans doute être évitées si les victimes bénéficiaient d’un soutien analogue à celui qu’elle dispensait » a écrit un ancien malade. Il faut beaucoup de patience auprès d’un dépressif. Je vois mon fils une demi-heure chaque semaine. Il vient me voir dans l’établissement où je me trouve depuis trois ans.Lorsque je parviens à lui arracher un bref sourire, quelle victoire ! ** Après une fausse-couche en novembre 1959, j’ai eu un traitement au Distilbène au cours d’une hospitalisation où j’ai été réadmise trois semaines avant mon accouchement en 1960 d’un petit garçon. Quand il a eu près de cinq ans, j’ai constaté que sa boîte cranienne grossissait de plus en plus. Il a été opéré en 1972 avec une importante greffe osseuse reconstructive. Le chirurgien était affolé quand je lui ai dit que j’avais pris des hormones pendant ma grossesse. On m’a conseillé de ne pas avoir d’autre enfant. J’ai le dossier médical de ma grossesse et des problèmes de mon fils. *** Ayant eu connaissance de votre association, je vous apporte notre témoignage concernant la schizophrénie de notre fils C né en 1974, symptômes et maladie déclarée il y a quatre ans. Pendant ma grossesse, après un début de fausse-couche au troisième mois environ, j’ai été traité au Distilbène… Les psychiatres (un privé) et maintenant en CMP qui soignent notre fils ont, à notre question posée concernant le problème « Distilbène », été très évasifs. Notre fils, jusqu’aux premiers symptômes de la maladie, était un enfant puis un adolescent gentil, faisait des études en fac…puis le monde a basculé pour lui et nous. A présent, il souffre de cette maladie et chaque jour est une lutte pour lui dans la souffrance et pour nous dans l’amour que nous lui donnons et le soutien psychologique et financier que l’on doit lui apporter. **** Après la lecture de la revue « Un autre regard » N°2-1998 et de l’appel aux familles concernant le traitement par oestrogènes au cours de grossesses et leur effet (anomalie de la neurotransmission), je désire apporter mon témoignage crucial sur ce sujet. A la suite d’une insuffisance hormonale qui avait déclenché une fausse-couche spontanée et la perte d’un premier bébé, j’ai été traitée pour mes deux grossesses ultérieures en 1966-67 et en 1971 par des oestrogènes de synthèse (Distilbène et Ethinyloestradiol) du tout début de la gestation jusqu’au septième mois (ci-joint le certificat correspondant). Les accouchements ont été normaux et les enfants, V. née en 1967 et N. né en 1971, ont eu un développement physique et intellectuel tout à fait satisfaisant. Après avoir passé son bac à dix sept ans, V. a commencé des études qu’elle a menées brillamment à bien malgré des troubles graves apparus à partir de dix huit ans : boulimie-anorexie-dépressions récurrentes et nombreuses tentatives de suicide. Stabilisée ensuite par le Prozac pendant trois ans elle s’est mariée en 1994, heureuse. Cependant désirant avoir un enfant, son gynécologue lui fit abandonner le Prozac de peur d’effets secondaires sur le futur et éventuel embryon. Immédiatement dépression et tentatives de suicide réapparurent. Le jeune mari demanda le divorce, abandonnant sa jeune femme à son triste sort. V. s’est suicidée en août 1995. Elle a laissé un mémoire de 40 pages parfaitement écrit, rédigé au cours de sa dernière hospitalisation. N., quant à lui, a vu apparaître les premiers troubles de type schizophrénique en classe de terminale à dix huit ans. Après des délires, traitements, séjours hospitaliers, médications, psychothérapies, puis abandon des médicaments par désespoir, N. s’est tué d’un coup de fusil à la veille d’une nouvelle psychothérapie en février 1998. C’étaient mes deux seuls enfants. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour les aider. On peut constater que dans les deux cas il y a eu traitement en cours de grossesses par Distilbène et Ethinyloestradiol. Le calvaire de mes deux enfants, intelligents et conscients de leur état les a conduits tous les deux au suicide. Le calvaire des parents n’est pas moindre. S’il faut encore témoigner, je suis à votre disposition. ***** Venant de prendre connaissance d’un article paru dans « La Provence » du 24/11/2003, je tiens à vous apporter mon témoignage en tant que père de deux enfants « victimes » du Distilbène. Mon épouse, à la suite d’une fausse-couche survenue en 1962, a été soignée au Distilbène par un gynécologue de Valence. Nous avons eu une fille née en 1963, qui à l’âge de vingt ans a fait de l’anorexie, puis atteinte d’une malformation de l’utérus, a eu des difficultés à mettre au monde en 1996 une fille et en 2001 un garçon. Nous avons eu également un fils né en 1966, qui a fait de brillantes études puis qui, sans motif s’est suicidé tragiquement en 1986 (il avait alors vingt ans). Nous n’avons, mon épouse et moi jamais compris son geste, malgré la lettre qu’il nous a laissée le jour de son suicide car il ne se droguait pas, ne fumait pas, n’avait pas de peine de cœur et réussissait bien dans ses études… Vous pouvez imaginer le drame de cette disparition que les jours, les mois, les années n’effacent pas… | |