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Recensement des témoignages reçus au 31 janvier 2013 :
à ce jour nous avons enregistré 1240 témoignages
de familles ayant subi les conséquences des traitements par hormones de synthèse
pendant les grossesses, dont environ 170 dossiers avec ordonnance.
Témoignages personnels
Nous avons volontairement omis d’indiquer les noms et prénoms des
personnes afin de respecter l’anonymat des témoignages.
* Madame, Monsieur,
Ayant pris connaissance par Internet de votre Association, je viens par la présente
vous exposer notre souci.
Ma fille est née en 1967, après avoir pris un traitement pendant ma grossesse "distilbène" ephynal, progestérone retard, elle est mariée elle a deux enfants, une fille de 18 ans, un fils de 16 ans qui sont en bonne santé, sans problème scolaire ou comportemental.
Par contre notre fille, dès l'age de 16 ans, était instable. Malheureusement depuis quelques
années, avec une importante dépression, elle sombre dans l'alcool.
Depuis 2007 hospitalisée en psychiatrie pour un coma éthylique elle a
fait 4 séjours de 23 jours chacun.
Elle est suivie par un psychiatre et psychologue. Personnellement j'ai toujours pensé
que la maladie de notre fille venait du distilbène.
Il n'y a pas dans notre famille ainsi que dans celle de mon mari de problème d'alcool
et de dépression.
Notre seconde fille, née en 1969, était une enfant sans problème
scolaire, sportive, aimant la vie. Elle est mariée depuis 15 ans, elle a 2 enfants qu’elle
a eus avec beaucoup de difficultés. Mais depuis l'age de 24 ans anorexique
boulimique, tentative de suicide , suivie par un psychiatre elle va beaucoup mieux et cela
ne l'empêche pas de travailler.
Y-a-t'il une relation de cause à effet avec ce médicament ?
Dans l'attente de votre conseil,
Recevez, Madame, Monsieur, mes salutations distinguées.
** Messieurs,
Que de temps écoulé, plus d'un an, entre le moment où j'ai appris
l'existence de votre association et celui où j'ai eu enfin le déclic de vous
écrire.
Entre-temps, j'ai eu quarante ans et je suis devenu père pour la première
fois.
Dans l'intervalle, j'ai donc aussi parcouru votre site internet et réfléchi
à la question.
J'ai donc décidé d'apporter ma pierre à l'édification d'une
masse suffisante de témoignages qui pourrait, qui sait, faire tomber le mur d'incompréhension,
toujours, et d'indifférence souvent, dont nous sommes victimes en plus de notre
état.
- En 1988, donc, je sombre dans une dépression foudroyante, ma vie adulte commençait, elle ne sera plus jamais équilibrée, dirons-nous, avant de trop nombreuses années. Je serai hospitalisé pendant trois mois.
Je ne reprendrai jamais mon travail.
Je prendrai pendant cette période, anti-dépresseurs, anxiolytiques et
neuroleptiques.
Les anxiolytiques m'accompagnant pendant 15 ans, j'ai eu la force de me sevrer en 2005.
Je suis toujours sous anti-dépresseurs.
A cette époque je passais mon temps sur mon canapé à regarder la télé,
Je débutai une psychothérapie qui se poursuivra quinze ans et qui débouchera
entre autres sur le diagnostic de psychose maniaco-dépressive, qui entraînera
la mise à la retraite pour invalidité, qui me donne droit à 700 euros
par mois.
J'ai donc alterné depuis les périodes plus ou moins fortes et plus ou moins
insupportables.
(Ma maladie bipolaire est plutôt masquée par l'aspect dépressif).
A vingt-deux ans donc, je voulais m'asseoir et mourir …
En 1995 après une tentative de " retour vers la société "avec
une reprise d'études à la clé, je rebasculai dans la maladie, vers
l'horreur avec deux ans ou presque de canapé-neuroleptique – anti-dépresseurs
– anxiolytiques, une vie de légume ou presque, avec un calcul vésical de
la taille d'une pièce de cinq francs en prime ! Digne d'un homme de plus de soixante
ans, d'après la médecine, avec une opération en bonus.
Cette fois-ci, je dois sûrement la vie à mon ex-compagne, qui supportera tout
cela et à mon thérapeute, omniprésent.
J'ai tellement de fois voulu mourir !
En…. je passai plusieurs semaines enfermé seul dans mon appartement,
m'alimentant peu, le plus souvent dans le noir …
puis je rencontrai ma femme avec qui j'eu un adorable petit garçon et nous
sommes propriétaires d'une maison, (grâce à elle, évidemment, car
avec 700 euros par mois …)
J'ai toujours des phases plus ou moins difficiles, mais maintenant, j'ai "une vie"…
Et donc, un jour, je découvre dans un magazine l'existence de votre association.
A ce moment-là, je connais l'existence de cette saloperie de Distilbène, sous
l'angle des terribles problèmes gynécologiques dont souffrent certaines femmes
et de leurs conséquences … Je crois me rappeler que l'on en donnait à
ma mère, mais je ne me crois pas concerné… Et pourtant !
voici mes questions :
- Où en sommes-nous en 2007 de la preuve de l'existence irréfutable d'un lien entre la saloperie en question et toutes ces vies brisées ?
- Peut-on imaginer une action collective efficace et devons-nous attendre pour cela la certitude scientifique absolue d'une causalité ?
Les éléments statistiques de votre étude étant incroyablement
parlants
Que puis-je faire d'autre pour me rendre utile ?
(Dans la mesure où je n'ai pas une santé à toute épreuve
…)
J'ai l'espoir, dorénavant, que la justice sera rendue, les torts reconnus et les préjudices
inestimables néanmoins estimés ! Ai-je tort ?
Merci de m'avoir lu, jusque-là !
Merci d'avoir créé cette association !
Je joins à ce courrier une photocopie d'une ordonnance de l'époque …
*** Madame,
Merci de votre réponse, voici les faits :
Après deux fausses couches en 1963 et 1964, au cours d'une troisième
grossesse, de décembre 1964 à mars 1965 j'ai pris du distilbène. Mon
fils est né
en 1965 avec une semaine de retard, un beau bébé de 4 kilos 300.
Aucun problème durant son enfance et son adolescence. Son QI a été
mesuré il était de 130 et tout allait bien. Il a fait des études
supérieures, a commencé une vie active, s'est marié et a eu deux
beaux enfants.
A la suite d'un licenciement , il a fait une très grave crise maniaco dépressive
avec folie de la persécution : il voyait des micros partout et des espions qui le
suivaient, le surveillaient car il "avait dû voir ou entendre quelque chose de
secret etc.… "
Il a dû être hospitalisé plusieurs semaines en hôpital
psychiatrique où un trouble bipolaire avec tendance schizophrénique a été
diagnostiqué. Il est sorti à peu près bien, et en 6 ans il a été
de nouveau hospitalisé 2 fois pour des crises différentes de type plutôt
mégalomaniaque, où il était très extraverti et beaucoup moins
perturbé. Il a pu reprendre un travail jusqu'en 2003, puis il est resté
à la maison pour s’occuper des enfants.
Depuis, il n'a plus de crise. Il est suivi par deux psychiatres depuis le début de sa
maladie, il est traité par des médicaments habituels adaptés à
son état (Zyprexa et Dépakote) à dose relativement élevée
pour supporter le traumatisme du divorce et de la séparation d'avec ses enfants
auxquels il est très attaché. Mais il absorbe régulièrement des
boissons alcoolisées, il ne s'intéresse à rien et n'a pas d'activité.
J'ai donc recueilli un fils sans aucun contact social en dehors de sa famille, axé
sur les moments où il voit ses enfants, mais s'alcoolisant de plus en plus fréquemment.
Il a pour toute ressource une allocation de la Caisse d'Assurance Maladie.
Il est cependant capable de répondre à des offres d'emploi et de subir des
entretiens d'embauche, mais ceux-ci n'aboutissent pas, son CV montrant un arrêt
d'activité de plusieurs années . De plus, à cause de ce même CV (études
supérieures) on lui refuse tout emploi plus modeste qui correspondrait mieux à
son état de santé.
Il n'y a jamais eu dans ma famille ou dans celle de son père d'antécédents
psychiatriques, aussi loin que les mémoires puissent remonter. Je me demande donc si
cette maladie ne serait pas due au distilbène.
Quelle piste pourriez vous me donner ? Il faudrait absolument lui trouver un emploi quelque
chose qui l'oblige à avoir une activité régulière. Est-il
bien soigné ? Connaîtriez vous des psychiatres qui auraient un regard neuf sur
sa maladie ? Vous devinez mon angoisse face à l'avenir ? que va-t-il devenir ?
Dites-moi comment adhérer à votre association.
Avec mes remerciements, veuillez recevoir, Madame, l'assurance de mes sentiments les
meilleurs.
**** Monsieur,
Je viens de trouver le réseau DES-France, qui m’a indiqué votre
association.
J'ai besoin de vos connaissances sur les résultats psychiatriques des enfants du
distilbène.
Ma fille aînée a eu du distilbène + vitamine E du 3ème au 9ème
mois de sa vie fœtale.
A l'adolescence un examen a montré un utérus très petit et "retourné".
Le médecin m'a prévenu "secrètement" qu'elle aurait du mal
à avoir un enfant. Elle a tout de même eu un enfant qu'il a fallu faire
naître 3 semaines plus tôt. Très heureuse, son caractère a
cependant évolué. Moi, sa maman je sentais bien que quelque chose la
submergeait de plus en plus, avec des alternances euphoriques et des moments violents
… J'ai appris qu'aux Etats-Unis, des troubles psychiques arrivaient après la
quarantaine chez ces enfants, et des malformations et cas de stérilité chez
leurs propres enfants.
Quel service serait capable de décerner les troubles de ma fille ?
D'avance je vous remercie pour votre aide.
autres témoignages récents
* Ayant reçu des documents concernant votre Association par une amie dont le fils est
victime du distilbène, je vous apporte rapidement mon témoignage.
Après avoir eu 2 filles (grossesses normales et sans médicament), j'ai fait
une fausse couche de 8 semaines, causée peut-être par l'énervement et la
fatigue .... En 1961, étant de nouveau enceinte, j'ai pris du distilbène
pendant 4 mois sur le conseil de mon généraliste. Méfiante, j'ai pris
une dose plus faible que celle qui m'était ordonnée. La gynécologue que
ma fille a consultée vers l'âge de 20 ans lui a dit qu'il n'y avait aucun
risque de cancer. Malgré cette dose faible, j'ai vomi très souvent, ce qui ne
m'était pas arrivé aux autres grossesses. Ce n'était rien en
comparaison de la suite. F ... était une fille intelligente, ayant de l’humour.
Mais après son Bac, elle fut incapable de se choisir un métier: un peu de théâtre,
puis des petits boulots successifs. En 1991, ce fut le grand plongeon: paranoïa, délire
... L'hôpital psychiatrique n'a pas semblé voir la gravité de son
état. Elle eut une rémission, obtint son permis de conduire et fut reçue
au concours d'…… Elle travailla tant bien que mal, passa 4 jours dans un autre
hôpital psychiatrique et se jeta sous un train, en 1995, 15 jours après sa
titularisation. Ses quelques aventures amoureuses n'avaient pas suffi à la remettre
sur pied. Elle avait 33ans.
Je ne sais si c'est la faute du distilbène ; mon mari et moi sommes des nerveux, pas
toujours des modèles d'équilibre. Je désire cependant adhérer
à votre Association pour 2007.
** Ayant appris qu'un lien de cause à effet pouvait parfois être établi
entre la prise de distilbène pendant la grossesse de la mère et des troubles
psychiques apparus chez l'enfant je pense que ma démarche s'inscrit exactement dans
les perspectives de votre Association, car nous voudrions savoir, ma fille et moi, si un tel
lien peut être suspecté dans son cas et si compte tenu de ceux déjà
observés, il est possible de mieux la traiter.
Nous avons trois enfants et il ne m'a été prescrit de distilbène que
pendant une première grossesse (à compter du 4ème mois). Notre fille aînée
... âgée de 39 ans est célibataire et n'a eu elle-même aucun début
de grossesse. Les examens qu'elles a subis lorsqu' a éclaté le scandale du
distilbène n'ont pas révélé d'anomalies sur le plan gynécologique,
mais elle souffre par contre depuis une époque que nous situons à la post
adolescence, de troubles révélant un état dépressif chronique
auquel psychologues et psychiatres n'ont pas trouvé d'explication jusqu' ici.
..... C'est notre fille, évidemment, qui est le mieux à même d'en décrire
les symptômes;
ce qu'elle nous a souvent dit, c'est qu'elle était «désorientée»
se demandant si elle était normale, ne trouvant sa place nulle part, sans prise sur
les êtres et les choses qui l'entourent et avec une grande peur de la mort la sienne
et la nôtre.
Il y a des hauts et des bas, mais cet état dépressif récurrent a
toujours nécessité un traitement médicamenteux et constitué pour
elle un handicap que ce soit au travail ou dans la construction de sa vie sentimentale.
De l'extérieur, nous pouvons dire qu'elle est extrêmement intelligente et
d'ailleurs, ayant su dès son enfance qu'on pouvait la considérer comme surdouée,
nous avons d'abord eu tendance à y chercher la cause de ses difficultés.
A cette intelligence, nous avons été tentés d'imputer une
extraordinaire aptitude à «fermer les portes », comme pour se démontrer
et démontrer aux autres que son avenir était bouché. Enfin la relation
très forte qu'elle a avec moi nous a fait pencher pour une autre explication, la dépression
post-partum dont j'ai souffert après sa naissance, par césarienne.
Cette hypothèse semble avoir eu parfois la préférence de son psychiatre.
Informé récemment de ce qu'elle avait été exposée au
risque du distilbène, il aurait l'intention de se renseigner mais dit qu'à sa
connaissance ce produit entraînerait des pathologies beaucoup plus lourdes.
*** Voilà deux ans, mon fils né en l967 à ... a été soigné
pour une grave dépression.
Peu de temps après, j'apprenais que le Distilbène (pris jusqu'au huitième
mois de la grossesse, sur ordre médical) était peut-être la cause de
troubles psychiatriques.
Alors que je croyais mon fils guéri de sa première dépression, il fait
une rechute depuis juin 2006. Son psychiatre vient de prescrire un congé de longue
maladie et conseille une hospitalisation. Christian suit par ailleurs un traitement médicamenteux
dont les effets se font attendre.
Je ne comprends pas et je me sens impuissante.
J'ai accouché tout naturellement d'un magnifique bébé de 4 kg et il n'y
a aucun cas de psychose avéré dans notre famille.
Christian est le dernier de mes trois enfants et il a eu une enfance heureuse malgré
le décès de son Papa alors qu'il avait dix-huit mois.
Christian est marié et papa de deux adorables petites filles de 10 et 4 ans. Sa vie
est actuellement une souffrance et il se bat pour guérir, essaie de faire du sport,
malgré une sciatique récidivante et il écrit des poèmes.
Par deux fois, il a pensé au suicide et prêt à passer à
l'acte.
Voici l'un de ses poèmes :
Voilà c'est ma vie
Celle d'un anonyme,
Parmi tous ces signes
Qui lui révèlent
Un véritable champ de mines.
Sa propre vie est un fardeau
Qu'il porte
Sans trop faillir
Sur son dos
Il ne sait plus
Pourtant il s'est battu
Du mieux qu'il a pu
Maintenant il n'en peut plus.
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